COMPTE-RENDU DE LA JOURNEE DE BLOIS du 27 mai 2009
Une vingtaine d’adhérents de Verre et Histoire étaient au rendez-vous de Blois le 27 mai 2009 pour une journée passionnante consacrée au verre
Chapelle Charles de Blois :
visite sous la conduite de Mgr Philippe Verrier.
Cette chapelle édifiée en 1964, a été ornée de peintures par l’artiste peintre blésois Bernard Lorjou et sa femme Yvonne Mottet, entre 1964 et 1968 : grand Christ de la Parousie dominant le chœur de la chapelle et ses trois galeries de circulation, illustrations de plusieurs paraboles sur les côtés.
Un vitrail vint compléter cet ensemble en 1989, d’après un dessin des années 1985-1986. Réalisé d’après un carton du peintre juste, il représente les donateurs autour du coq, symbole de la résurrection. Il semble que B. Lorjou ait détourné le thème de la commande (un vitrail en l’honneur de la Vierge), pour une évocation plus personnelle : lui –même et son épouse récemment décédée figureraient autour du coq symbole de la résurrection.
Basilique de la Trinité ou basilique des Trois Ave :
L’origine de cette basilique remonte à un culte marial apparu au XIIIe siècle (la récitation quotidienne de trois ave) remis à l’honneur par les moines Capucins de Blois vers 1900. Ce culte connut alors un tel rayonnement que l’afflux de pèlerins nécessita l’édification de ce vaste sanctuaire dans les années 1930.
L’édifice, d’une grande sobriété, œuvre de l’architecte Rouvière, est un témoin du renouveau de l’architecture de cette époque, incarné par l’Union des Artistes modernes, avec Mallet Stevens, Le Corbusier, Jean Prouvé, Sonia Delaunay… Ce groupe prône l’emploi des matériaux nouveaux et des techniques contemporaines, pour renouveler l’architecture et les arts décoratifs . L’édifice est en béton et graviers de la Loire, les vitraux en verres modernes colorés dans la masse et non rehaussés de grisaille, les sculptures en béton coulé, sculpté et parfois peint.
Nous nous sommes attardés sur les vitraux, réalisés par Barillet et Le Chevallier. D’une ampleur exceptionnelle (500 m2), ils occupent en continu toute la partie haute de la nef, avec une iconographie entièrement mariale. Les verrières des bas-côtés illustrent l’Ancien Testament et les grands prédicateurs de l’histoire du Christianisme.
Visite par Didier Bondue et Maurice Hamon
La Compagnie Saint-Gobain est la première entreprise à avoir créé son centre d’archives industrielles, en 1979, à la suite de sa fusion avec Pont-à-Mousson.
Maurice Hamon, fondateur de ce centre, nous a d’abord rappelé les grandes étapes de l’histoire de Saint-Gobain, puis nous avons eu le privilège d’admirer des documents exceptionnels, sortis spécialement à notre intention par Didier Bondue, directeur actuel des Archives : lettre patente de 1690 signée de Colbert qui entérine l’invention du coulage à la faveur de la Manufacture , dessin aquarellé montrant une table de coulage à Saint-Gobain vers 1730, inventaire de saisie de Bernard Perrot qui mentionne les médaillons en verre coulé de Louis XIV ainsi que des glaces coulées, documents techniques de Pierre Deslandes, directeur de la manufacture au XVIIIe siècle, pare-brise en triplex ayant résisté à un impact de balle, qui sauva la vie de Clémenceau en 1919 (lequel triplex apparaît très vite dans les albums de Tintin !)… et puis les moulages des fours de verriers romains retrouvés à Autun en 1987 par Alain Rebourg, dont on n’a pas encore percé tous les mystères (fours de fusion, à creusets ou à bassin, four de recuisson ?) et le mobilier design de René Coulon. Quelle chance de conserver ces documents vénérables ou touchants, anciens ou récents, par qui l’Histoire prend corps.
Les archives sont abritées dans de beaux bâtiments construits par l’architecte Joseph Belmont des années 1980 spécialement conçues à cette intention : le verre y tient bien sûr une grande place ; certaines façades ont été conçues avec des panneaux solaires dès l’origine.
Transformé en un groupement d’intérêt économique (le GIE Saint-Gobain Archives) ce centre propose aux filiales du groupe, la conservation, le tri et l’exploitation de leurs archives. Il assure aussi des missions de formation en archivistique, de publication, d’exposition et accueille des chercheurs confirmés.
Présentation générale par Elisabeth Latrémolière, conservateur du Château.
Une visite extérieure des lieux nous permet de comprendre l’évolution du monument depuis la période féodale (on a retrouvé du verre carolingien dans les fouilles sous la chapelle) jusqu’à aujourd’hui :
– ailes renaissance de Louis XII et François Ier,
– aile XVIIIème siècle moins connue de Gaston d’Orléans, avec sa façade masquant une construction qui n’était qu’une coquille vide et dont seule la coupole fut achevée.
– affectation du château en caserne à partir de Louis XIV, ce qui lui valut d’être sauvé de la destruction lors de la Révolution,
– restauration d’Emile Duban à partir de 1845, avec une reconstitution des décors intérieurs en style néo-renaissance (toiles peintes sur les murs, plafonds peints, soieries, vitraux),
– restauration de la façade François Ier par Anatole de Boudot.
Les actuelles campagnes de restauration ont permis de rétablir le décor d’Emile Duban dans la chambre et l’oratoire de Catherine de Médicis.
Vitraux de l’Oratoire :
par Estelle Cahingt
Dans l’oratoire de Catherine a été récemment remonté un bel ensemble de vitraux commandités par Duban, qui ont été retrouvés dans les combles du château en 1992. Ils sont l’œuvre de deux élèves d’Ingres, Claudius Lavergne et Michel Dumas, qui travaillaient dans un atelier à Lyon. Les saintes figurées avec leurs attributs ont toutes une relation avec Catherine de Médicis et les Valois.
Vitraux de la Chapelle Saint-Calais:
par Estelle Cahingt
La chapelle du château reconstruite en 1508 abritait des vitraux du XIXème siècle détruits pendant la guerre. Ils ont été remplacés en 1957 par des vitraux de Max Ingrand, dont le modernisme tranquille plut beaucoup à l’époque. Ils sont réalisés en verre de Saint-Just, rehaussés de grisailles qui leur donnent une patine ancienne, avec même par endroits des similis de « bouche-trous ». Les grandes verrières du chœur sont dédiées aux saints patrons de Blois, saint Calais, saint Laumer, saint Nicolas. Celles de la nef suivent une iconographie « touristique » en illustrant les épisodes glorieux de l’histoire de Blois.
Présentation des cartons de vitraux,
par Claire Poumès.
Le musée des Beaux-arts de Blois, installé dans le château, possède dans ses réserves 220 à 250 cartons de vitraux provenant du fonds Emile Thibaut. Ce maître verrier, né à Blois en 1805, appartenait à une famille de notables imprimeurs. Il créa une importante manufacture à Clermont-Ferrand et travailla dans toute la France et à l’étranger. Son entreprise passa ensuite en différentes mains, jusqu’à Baratte qui revint à Blois et mourut en 1939. Le fonds comporte des dessins, des calques, (au crayon, au fusain et à l’aquarelle), quelques photos, mais pas de dossiers d’archives. Les cartons eux-mêmes portent souvent des indications de destination, de découpes, de couleurs et des remarques des commanditaires.
Claire Poumès avait sorti spécialement pour nous tout un ensemble de blasons qui pouvaient être adaptés aux commandes civiles, et une série complète de cartons très aboutis, en vraie grandeur, sur la vie de saint Louis, pour le château de Cugnac.
Un très grand merci à tous ceux qui ont contribué à la richesse et à la convivialité de cette journée à Blois !