Actes du deuxième colloque international de l'association Verre et Histoire, Nancy, 26-28 mars 2009

Innovations dans les compositions
et dans les processus de production :
Introduction

Bruce Velde
Directeur de Recherche Emérite CNRS
Laboratoire de Géologie, CNRS UMR 2385 – ENS (École normale supérieure) Paris (France)

La production des objets en verre est incontestablement complexe bien que la pratique en soit très ancienne (plusieurs millénaires avant notre ère). Dans l'exercice de cette industrie, deux aspects apparaissent particulièrement essentiels : d'une part, la sélection et l'emploi des composants du verre (i.e. la silice) et de ses fondants, d'autre part, les procédures de fabrication des objets réalisés à partir de la masse de verre fondu.

 L'un des fondements de l'évolution de l'industrie verrière repose sur les méthodes de production. Pour obtenir des objets de qualité, l'étude/l'attention porte sur les différents composants susceptibles d'entraîner la fusion d'une masse silicatée mais aussi d'en permettre le travail dans des conditions convenables. Pendant longtemps, la recherche de matériaux aptes à produire la fusion des éléments siliceux a reposé sur l'exploitation de ressources naturelles telles que les dépôts minéraux rares (natron), les cendres des plantes péri-maritimes (salicorne, barilla ou kali) ou terrestres (cendres des arbres). Par la suite, les progrès scientifiques et industriels ont permis la production de substances dites chimiques. Dérivées des ressources naturelles, les différentes matières ont dû être traitées en usine pour en extraire les éléments chimiques efficaces, comme la soude. Dans la pratique, la recherche de fondants menée par les verriers a évolué. On la suivra depuis la mise au point des derniers procédés d'affinage à partir de ressources naturelles (article de D. Dungworth) jusqu'aux méthodes et adaptations nécessitées par la chimie industrielle (M.H. Chopinet). L'histoire de l'emploi des fondants est fondamentale pour la compréhension du suivi des innovations qui ont affecté la production du verre.

Un second aspect relativement récent de l'activité verrière a trait aux méthodes de fabrication. Comme toutes les autres formes de production d'objets, l'industrie verrière est fondée sur la dextérité de l'homme. Or, aux XIXe et XXe siècles, la conscience collective a commencé à se soucier de la santé des ouvriers. L'une des branches du métier la plus concernée par ces préoccupations a sans doute été la fabrication par soufflage des bouteilles. S. Palaude et G. Caudrelier montrent qu'une série d'innovations dans le façonnage des bouteilles ont conduit à de meilleures conditions de travail. La période du milieu XIXe-XXe siècle est aussi un temps d'innovations techniques et de passage à la mécanisation. Propres au domaine du verre plat, plusieurs innovations ont influé sur la qualité de la production et c'est grâce à l'utilisation de machines de plus en plus performantes que la qualité du verre a pu être améliorée F. Dreyer ; B. Savaëte).

Ainsi, les innovations qui ont permis à l'industrie verrière d'évoluer ont autant porté sur les aspects proprement industriels de la production que sur les conditions de travail qui représentent le versant social de cette activité.

Bruce Velde