Actes du premier colloque international de l'association Verre et Histoire, Paris-La Défense / Versailles, 13-15 octobre 2005

Martine DIOT
Chargée d’études documentaires
Médiathèque de l’architecture et du patrimoine
Centre de recherche sur les monuments historiques
Paris (France)

Exemples de vitreries civiles du xviie siècle au début du xviiie siècle à travers les relevés du Centre de recherche sur les Monuments historiques

Au cours du xviie siècle, l’emploi de la vitrerie se développe au fil des innovations concernant l’aménagement de la baie : les « panneaux de vitres » sous plomb sont progressivement supplantés par les croisées à petits bois à carreaux de verre ; la fenêtre s’ouvrant au moyen de deux battants vitrés apparaît vers la fin du xviie siècle et va se généraliser au cours du xviiie siècle.

During the 17th century, glazing is developed to insure a better light in the building and increase comfort in the dwellings. Innovations mostly affect the window frame. At first divided by a stone tracery, the windows are progressively divided by wooden frames in which the panes of glass, set in lead cames are fitted. The patterns or lattice are described in Félibien. These technical evolutions are diversely adopted according to the owners' wealth. Glass being rare, only the reception rooms are fitted. The windows in secondary rooms are often covered with paper or a translucent material.

During the middle of the 17th century, the first sliding sash windows are seen. They are popular in stairwells or small spaces where no other opening can be secured.

During the 18th century, windows with a double opening become frequent and the size of glass panes grows continuously.

Le xviie siècle voit le développement de l’emploi de la vitrerie pour assurer un meilleur éclairement de l’édifice et améliorer le confort intérieur. Les innovations concernent l’aménagement de la baie.

Fig. 1, 2, 3 : Tours (Indre et Loire), hôtel Robin de Quantien, vers 1600. Mise en plomb type borne de la fenêtre du 1er étage sur rue.

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Fig. 1 : D. 12 093 - C. Degas

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Fig. 2 : D. 12 094 - C. Degas

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Fig. 3 : D. 12 091 - C. Degas


Aux fenêtres, les meneaux de pierre disposés en croix sont remplacés par des meneaux en bois moulurés en quart de rond qui divisent les croisées en quatre ou six châssis garnis de verres sertis de plomb. La forme la plus courante utilisée est un réseau de losanges, puis des bornes aux figures diverses, reproduites par Félibien1.

Fig. 4, 5 : Aviré (Maine et Loire), Le grand Rossignol. Mise en plomb en « pièces quarrées », XVIIe siècle, d’après A. Félibien, pl. XXXIX, A. et P. Le Vieil2, pl. X, 1

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Fig. 4 : D. 15 934 - H. Rezza

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Fig. 5 : D. 15 935 - Charton


Puis les « panneaux de vitres » sous plomb sont supplantés par les croisées à petits bois à carreaux de verre. Ces évolutions techniques sont appliquées plus ou moins rapidement selon les moyens des commanditaires et selon les régions. Le verre étant encore rare, seules les pièces de réception en sont pourvues. Les pièces secondaires sont encore obturées par du papier huilé ou des toiles cirées.

Fig. 6, 7 : Paris, hôtel de Guénégaud. Attribué à François Mansart, il a été construit de 1651 à 1655. La fenêtre de l’escalier présente des surfaces de carreaux exceptionnelles pour cette période et les châssis de hauteurs différentes sont plus grands en bas pour dégager la vue.

Fig. 8 : Paris, hôtel des Invalides. Une partie des menuiseries est contemporaine de la construction (1675-1680). Le parti adopté pour la fenêtre escalier J est celui d’une haie en quatre parties égales qui relève d’une conception sobre et conservatrice, mais avec une surface vitrée relativement importante pour l’époque.

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Fig. 6 : D. 2 636 - Feuillebois

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Fig. 7 : D. 2 640 - H. Beylier

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Fig. 8 : D. 4 383 - L.V. Catclain

Vers la fin du siècle, l’abandon des panneaux de verre entraîne la disparition de la croisée de bois qui n’est plus justifiée. L’ouverture de la fenêtre se fait au moyen de deux battants vitrés qui se ferment désormais en s’encastrant l’un dans l’autre.

Fig. 9, 10 : Chalais (Charente), château. La menuiserie relevée se présente comme une porte-fenêtre à petit bois qui peut être datée de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe siècle. Mais elle a la particularité d’avoir des carreaux de petites dimensions posés à plomb sur trois rangs. Elle est le témoignage rarissime d’une technique disparue, attestée dans les textes.

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Fig. 9 : D. 13 675 - Charton

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Fig. 10 : D. 13 679 - C. Degas


Vers le milieu du xviie siècle, les premiers châssis coulissants apparaissent. Ils sont surtout utilisés dans les cages d’escalier ou les espaces restreints qui ne permettent pas l’ouverture des battants de fenêtre.

Fig. 11, 12 : Paris, hôtel Amelot, 78 rue des Archives. La fenêtre de l’escalier, construit par Pierre Bullet en 1702, est un exemple de fenêtre à glissière.

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Fig. 11 : D. 2 302 - Tougard

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Fig. 12 : D. 2 623 - Feuillebois


Au xviiie siècle, la fenêtre à deux vantaux vitrés se généralise et la dimension des carreaux s’agrandit de plus en plus.


  • 1.  Félibien André, Des Principes de l’architecture, de la sculpture, de la peinture et des autres arts qui en dépendent avec un dictionnaire propre à chacun de ces arts, J.B. Coignard, 1676.  ↑
  • 2.  Le Vieil Pierre, L’Art de la peinture sur verre et de la vitrerie, par feu M. Le Vieil, Paris, 1774.  ↑
Titre du colloque : Verre et Fenêtre de l'Antiquité au 18e siècle

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