Fig. 7 : Venise/Versailles. Analyses d’échantillons de glaces
À côté de compositions sodiques correspondant à celles pratiquées aux xviie et xviiie siècles à Venise, aux Pays-Bas et en France, une moitié de l’échantillon constitue un groupe assez inhabituel, où l’on retrouve à valeurs à peu près égales soude, chaux et potasse (fig. 7). La présence importante de ce dernier élément correspond aux fabrications de Tourlaville et constitue donc une sérieuse confirmation des origines de la fourniture de 1684. Les nombreux remplacements intervenus sur les croisées au xviiie siècle expliquent par ailleurs l’existence du second groupe de composition. La Manufacture royale, tout en conservant Tourlaville pour le soufflage, s’est en effet dotée, en 1693, d’un second établissement à Saint-Gobain qui pratique le nouveau procédé de coulage et maintient le soufflage jusqu’en 1763, en s’approvisionnant en soudes d’Espagne, très proches des fournitures vénitiennes. Six fragments, enfin, de haute pureté, sont des remplacements du xixe ou du xxe siècle, confirmant en cela toutes les observations énoncées jusqu’ici. Si l’on en vient aux Miroirs, un seul échantillon a pu être pour l’instant analysé et se rattache à la famille de composition Na-Ca-K dite « Tourlaville ». Une autre observation importante est celle des épaisseurs. Celles-ci varient selon les échantillons, mais un grand fragment biseauté révèle une épaisseur moyenne de 5 mm, inégale (de 4,7 à 5,4 mm), ce dernier point étant d’une indication caractéristique du procédé de soufflage. Enfin, grâce aux nombreux graffiti présents sur les volumes, les deux groupes de composition se révèlent antérieurs à 1720.